Je me suis attaqué plein d’espoir et de curiosité dans la mise au point de tableaux qui bougent.
De loin, de près, de côté, ce soir, demain – jamais ils ne seront les mêmes car j’ai travaillé pour qu’ils changent comme l’eau de la rivière, la lumière du ciel et les plis de nos cœurs.
Je veux parler ici à ceux qui devant un paysage, un visage, une représentation, un reflet, ont parfois senti une émotion si grande, si subtile, si belle, si tragique, qu’ils ont su que jamais ils n’arriveraient à la comprendre complètement ni encore moins à la fixer pour la partager mais qui pourtant ont décidé finalement de consacrer leur vie à essayer de le faire … Mes ami-es ces tableaux sont pour vous : ils bougent peut-être mais c’est vous qui êtes vivants!
Pourquoi la peinture si ce n’est pour LE MERVEILLEUX, pour tenter de garder
un peu du merveilleux de ce monde et de la vie ?
Je suis né, j’ai dessiné, j’ai peint, j’ai aimé mes parents, ma sœur, mes cousins, mes copains, j’ai lu, j’ai fait des maths, du ski, de la physique, des bandes dessinées, des illustrations, du génie civil, de l’art cinétique à base de lumière et d’automates programmables, de l’économie, du conseil, j’ai aimé, je me suis marié et j’ai fondé une famille… j’ai fait des portraits d’enfants, des carnets de voyage, de l’énergie solaire, du modèle vivant, du conseil en stratégie, de la peinture, de la peinture, DE LA PEINTURE…
Et par toute cette peinture, voilà que s’est affinée la passion initiale… Où se niche encore le merveilleux ? Dans la réalité ou dans son apparence ? Ou peut-être dans la relation mystérieuse entre les deux ?
Dans mes dernières séries « derrière la toile » j’ai imaginé et réalisé des tableaux qui changent suivant l’endroit d’où on les regarde. Ils sont peints sur deux voire trois plans ajourés qui interfèrent les uns avec les autres. Quand l’observateur se déplace, ces tableaux sont modifiés de façon dynamique.
Alors, par un mouvement de danse devant la toile, se créent dans le tableau derrière la toile, une distorsion, un mouvement, une perte de repère, et il parait possible, pendant un instant, de prendre conscience de façon extrêmement aigüe d’un éclat de pensée et de vie – cela à partir d’une représentation simple, d’un fétiche presque, fait sans technologie moderne avec du bois, du coton et des pigments collés.